Voyages en terre d’Islam – L’IRAN


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Voyages en terre d’Islam L’Iran
Nos pas nous conduisent aujourd’hui vers ce pays évocateur des mystères de l’Orient et surtout de la grandeur Perse dont il est l’héritier. Sa capitale est Téhéran, il est actuellement gouverné par une république islamique dont le président est M.Ahmadinejad, et par le guide suprême, un ayatollah . Sa devise est « Indépendance, Liberté, République Islamique ». Quatrième producteur de pétrole, deuxième exportateur de l’OPEP, deuxième réserve en gaz naturel et sixième exportateur. Le premier empire Perse remonte à 612 av.J.C. avec Cyrus 1er, fondateur de l’empire Achéménide.
La civilisation Perse s’accomplit pendant le second empire, celui des Sassanides (226 -651). Les musulmans entreprennent la conquête de la Perse à partir de 637 et la conversion à l’Islam est progressive jusqu’au IXeme siècle L’histoire de l’Iran est très agitée jusqu’en 1794, lorsque Agha Mohammad Shah Qajar prend le pouvoir et établit une dynastie qui dure jusqu’en 1925. Le pays y trouve stabilité et unité, les Oulémas qui sont des chefs religieux deviennent des membres importants de la société iranienne. Mais les puissances coloniales dominent le commerce de l’Iran et s’ingèrent dans les affaires du pays. Les premières tentatives de modernisation commencent sous Nasseredin Shah qui réforme le système fiscal, le contrôle sur l’administration et favorise commerce et industrie.
Parallèlement, l’influence du clergé et des puissances étrangères diminue. A la suite de la révolution constitutionnelle de 1906, l’Iran devient le premier pays moyen-oriental à se doter d’une constitution. La première guerre mondiale voit grandir l’influence des britanniques, intéressés par la découverte de pétrole dans le Khuzestan en 1908. Un coup d’état porte au pouvoir Reza Khan, un militaire, qui devient Reza Shah Pahlavi. Il modernise l’Iran et met en place un gouvernement centralisé et fort. Les industries lourdes se développent, les infrastructures se mettent en place, un chemin de fer national est construit, un système d’éducation nationale mis en place, la justice est retirée des mains du clergé chiite et un Code Civil promulgué et le système de santé amélioré.
Le gouvernement diminue l’influence de la Grande-Bretagne et de la Russie. Le 21 mars 1935, la communauté internationale est sommée de ne plus utiliser le nom « Perse », mais « Iran ». Il est interdit aux femmes de porter le voile et les hommes doivent porter des habits à l’occidentale. En 1941, Reza Shah prétend rester neutre et refuse – courageusement – l’expulsion des ressortissants allemands, alors que la Grande-Bretagne contrôle le pétrole iranien. Les forces « alliées » (anglaises et soviétiques envahissent le pays et forcent Reza Shah à l’abdication en faveur de son fils, Mohammed Reza Pahlavi. Reza Shah est envoyé en exil et meurt en 1944.
A ce stade, nous observons comment l’ingérence étrangère brise, une première fois, l’élan modernisateur qui avait été donné par le dirigeant iranien qui souhaitait moderniser son pays tout en respectant la religion de son peuple qui était aussi la sienne. L’occupation du pays est d’une importance stratégique majeure pour les alliés et l’Iran, rapproché des puissances occidentales, déclare la guerre à l’Allemagne en 1943. Oubliée la neutralité voulue par Reza Shah ! La conférence de Téhéran, toujours en 1943, Voit Churchill, Roosevelt et Staline (les « trois fous » de Bernard Faÿ…) réaffirmer leur engagement sur l’indépendance de l’Iran qui va devenir membre des Nations Unies. Bien évidemment cette belle harmonie se brise sitôt la guerre terminée et en 1945 naît la première crise de la guerre froide : « bénéficiant » du soutien de l’Union Soviétique, l’Azerbaïdjan,et le Mahadab ( Kurdistan iranien )déclarent leur indépendance.
Diverses parties de ces régions sont occupées par les troupes soviétiques, puis l’URSS abandonne ces régimes indépendantistes et les choses rentrent dans l’ordre dès 1946. En 1951 le premier ministre Mohammad Mossadegh nationalise le pétrole, ce qui ne peut que contrarier la British Pétroleum, qui est aux commandes du pipe – line iranien. De toute évidence, cet homme avait le souci du bien commun de son peuple…Chose qui ne convint curieusement pas à nos amis d’outre - Manche et d’outre - Atlantique qui fomentent une opération secrète baptisée « Ajax » et réussissent à l’éloigner du pouvoir. Nouvelle grave ingérence qui prépare un futur régressif pour le peuple d’Iran. Mohammed Reza Shah Pahlavi, qui voit partir son premier ministre, met en place un régime autocratique et dictatorial fondé sur l’appui américain. En 1955, l’Iran appartient au pacte de Bagdad (notre route des pays décimés par l’ami américain y passera aussi) et se retrouve donc logiquement dans le camp américain pendant la guerre froide.
Le Shah modernise l’industrie et la société grâce aux revenus du pétrole et à un programme de réformes nommé « Révolution Blanche ». On ne saurait passer sous silence l’intervention de l’épouse du Shah dans l’effort de modernisation de la société, en particulier auprès des femmes. Ainsi, si le Shah a partiellement abandonné la ligne de conduite de son père quant à l’indépendance relativement aux puissances occidentales, il a par contre poursuivi et amplifié son effort de modernisation de l’Iran. Ce faisant, il contrarie la caste des religieux chiites très présents dans la vie iranienne, et en 1963 ont lieu des émeutes au cours desquelles se fait remarquer un agitateur du nom de Khomeini. En 1971, le faste des célébrations des 2500 ans de Persépolis, en 1976 le remplacement du calendrier islamique par un calendrier solaire impérial sont autant de prétextes à l’agitation. Khomeini est exilé, et il va être accueilli à bras ouverts en France, rendant ainsi célèbre la petite commune de Neauphles – le – Château qui se voit envahie par des hordes de journalistes venant mettre le micro sous le nez de l’ayatollah et nous inonder des images de ce révolutionnaire expatrié venu prêcher la révolution à son peuple depuis la France profonde, sous l’œil distrait de Valéry Giscard d’Estaing, alors président de la République (notons qu’abriter les révolutionnaires islamistes semble une occupation fréquente puisque actuellement la France abrite – et refuse d’extrader – un homme qui prêche la révolution islamique à l’Algérie…). Ainsi, pour des raisons qui échappent autant à la raison qu’à la logique, l’ami américain va tourner le dos à Mohammed Reza Shah Pahlavi, en lui faisant savoir qu’on ne le soutiendra plus.
Pour bien appuyer la démarche, le plénipotentiaire US chargé d’apporter la mauvaise nouvelle se fera accompagner par le plénipotentiaire français, dès fois qu’il y ait un malentendu. Le Shah, qui se refusait à faire parler les armes pour contenir les troubles qui avaient éclaté et attendait de ses «  alliés » des instruments anti – émeutes comme des canons à eau doit prendre acte de ce que « la communauté internationale » ne le soutient plus et il quitte le pouvoir et l’Iran le 16 janvier 1979, endossant le pardessus du « Tyran » qui allait resservir tant de fois, et inaugurant cette lugubre série de pays sur le chemin de la modernité livrés à l’islamisme par la grâce d’intérêts obscurs.
L’ayatollah Rouhollah Khomeiny revient en Iran après un exil de 15 ans, déclare la fin de la monarchie (dont les iraniens apprennent, aussi surpris que les français en leur temps qu’elle était tant détestée), ordonne que les barbes poussent et que les femmes se voilent, les « gardiens de la révolution » prennent le pouvoir et le premier avril 1979 une république islamique est instaurée. Nous étonnerons-nous en apprenant que le peuple aspire a des réformes, a plus de liberté ? En apprenant que les émeutes de 2009 ont été réprimées avec violence par le pouvoir islamique (le nombre exact de manifestants tuée – plusieurs centaines – est encore inconnu aujourd’hui) ? Serons- nous perplexes en pensant que le Shah de ce peuple islamique avait réussi à nouer de bonnes relations avec Israël, alors qu’aujourd’hui l’Iran n’échange avec ce pays que menaces et invectives ? Croirons – nous l’ami américain, celui – là qui n’avait pas voulu donner au Shah des canons à eau, qui nous affirme que ce pouvoir iranien, qu’il a quasiment mis en place, prépare l’arme atomique pour anéantir Israël (comme il nous a affirmé que les entrepôts de Bagdad regorgeaient d’armes de destruction massives vues seulement dans les rêves prémonitoires de G.W.Bush ) ?
Notons que les puissances occidentales se débarrasseraient bien du régime actuel, comme ils se sont débarrassés du régime du Shah. Ainsi, comme par le passé, les efforts de modernisation seraient anéantis et l’islamisme pourrait prendre une vigueur nouvelle puisée dans le chaos, tel le Phénix renaissant de ses cendres. Concluons avec une hypothèse, utile à la réflexion, en imaginant un Iran qui aurait gardé son Shah…