Mgr Tissier de Mallerais à St Nicolas du Chardonnet 11.11.07


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Homélie de Mgr Tisssier de Mallerais
St Nicolas du Chardonnet (11.11.07)

    Nous avons reçu le texte de cette homélie dans notre boîte électronique  et c’est avec grand plaisir que nous la reproduisons ici 

      Bien chers fidèles, 
      Ma présence ici a lieu dans le cadre de ce symposium, cette réunion de théologie sur le Modernisme, et  sur l’Encyclique de St Pie X qui l’a condamné en  1907, et St Pie X dénonçait les modernistes, il y a  cent ans, en disant : «Ils se cachent, hélas, dans le  sein même et dans le cœur de l’Eglise !» 
    Eh bien c’est un petit peu la parabole  d’aujourd’hui, où les méchants sont mêlés, dans le  champ du monde, avec les bons : l’ivraie est mêlée au  bon grain; les hérétiques sont mêlés aux catholiques,  hélas, dans l’Eglise. 
    Donc, cette parabole est très actuelle. Mais le  Seigneur ne dirait pas : «Attendez la fin du monde»,  parce que les hérétiques, c’est spécial ! St Pie X déjà  les avait arrachés du sein de l’Eglise, et il faudrait  encore aujourd’hui que le Saint-Siège agisse pour  arracher l’ivraie du bon grain. 
     St Pie X ajoutait : «Le danger est aujourd’hui aux  entrailles et jusqu’aux veines de l’Eglise», et il précisait  que «les modernistes portent la hache, la cognée,  non pas aux branches et aux rameaux, c’est-à-dire à  toutes les vérités de Foi, mais à la racine même de la  Foi, en pervertissant la notion même de la Foi, en en  faisant une foi subjective.» C’est le croyant qui  fabrique sa foi au lieu de la recevoir de Dieu par  l’Eglise, et ainsi, la foi moderniste est une création  vitale, humaine, et non point l’adhésion de l’intelligence  à une vérité reçue de l’extérieur, surnaturelle,  adhésion à cause de l’autorité de Dieu qui révèle ! A  cause de l’absolue véracité de Dieu qui ne peut ni se  tromper, ni nous tromper. 
       Alors voyez : dans notre Foi catholique, chers  Fidèles, tout est divin : l’objet de la Foi, c’est le  mystère de Dieu que nul ne peut comprendre avec sa  raison naturelle. Deuxièmement, le motif d’adhérer à  ce mystère, c’est l’autorité de Dieu qui révèle. Et  enfin, le but de la Foi, c’est Dieu Lui-même, notre  Fin ultime, surnaturelle ! Tout est surnaturel dans la  Foi ! 
       Au contraire, la foi moderniste, dans tous les écrits  actuels, qui paraissent, c’est une foi naturelle, une  création de la conscience, purement naturelle, et…  fantaisiste ! Vous voyez combien l’Eglise aurait  besoin d’être purgée de ce Modernisme actuel ! 
       Quelle est la conduite que nous devons avoir dans  l’Eglise actuelle en sachant que le Modernisme a  pénétré même la hiérarchie jusqu’à ses plus hauts  degrés ? Devons-nous chercher la paix, après 40 ans de luttes ? Ne serait-il pas bon de signer une paix ?  Et certains nous proposent en effet… de signer la paix  …de cesser la lutte, enfin, de mettre la paix dans  l’Eglise… de cesser à nous opposer sans cesse aux  modernistes; signons la paix, acceptons le Concile –  au moins apparemment – et tout sera réglé ! Et vous  vous souvenez qu’un cardinal – qui est mort maintenant  – il y a 20 ans nous disait : «Signez tout, et  après, vous faites ce que vous voulez.» Voilà : Signez  (ce qu’on vous donnera à signer) et après, vous êtes  bien libres de faire ce que vous voulez ! 

      Eh bien, nous n’avons pas suivi, et Mgr Lefebvre  n’a pas suivi ce chemin de duplicité, il n’a pas voulu  signer un accord apparent, et sembler… sembler  accepter les erreurs du Concile Vatican II ! Il n’a  pas voulu faire une simulation d’acceptation ! 

Et nous avons, dans la Sainte Ecriture, un bel exemple de cette solidité d’esprit dans Eleazar, du temps des Maccabées, en Israël : quand les Grecs forçaient les croyants de ce temps-là, les pieux juifs, à manger de la viande de porc qui était interdite par la Loi – par la Loi de Moïse – alors on proposait à Eleazar : au lieu de manger du porc, on allait lui apporter du veau, et ainsi il pourrait en manger en toute conscience, et ne pas désobéir à la Loi de Moïse, voilà, en secret il mangerait du veau au lieu de manger du porc, et ainsi… intérieurement il ne violerait pas la Loi de Moïse. Alors il répondit : NON ! Je ne veux pas donner un mauvais exemple à tous les jeunes gens et laisser croire qu’Eleazar, arrivé à un âge avancé, a apostasié la Loi de Moïse – mais leur donner au contraire, un exemple de fermeté, de fidélité à nos saintes lois !
Eh bien, telle doit être aussi notre conduite ! Ne cherchons pas une paix dans laquelle nous ferions semblant d’accepter le Concile et puis après, on fait ce qu’on veut : NON ! Donnons le témoignage de notre refus des erreurs conciliaires.
C’est un premier point de notre attitude : la persévérance à dénoncer les erreurs conciliaires au nom de notre fidélité aux saintes lois de Dieu !
Une autre attitude qu’on nous suggère, c’est de vouloir remporter la victoire aussitôt, sans attendre le moment réel de la victoire ! Voilà le Motu Proprio de Benoît XVI : C’est la victoire ! Nous avons la victoire  ! C’est terminé ! Tentation terrible d’erreur ! La victoire n’est pas encore remportée, chers fidèles ! Ne croyons pas avoir la victoire fa-ci-le-ment ! Cela durera encore longtemps : préparons-nous à un combat de longue haleine !
Et nous avons un autre exemple, dans l’histoire des Maccabées, quand un certain Joseph, fils de Zacharie, se dit, en voyant les triomphes de Judas Maccabée : «Je vais les imiter, et nous, nous aussi, nous allons combattre contre les païens autour de nous, et nous faire un nom ! Nous allons nous faire un nom en combattant notre combat, nous aussi, pour avoir la victoire, nous aussi ! … pour avoir une victoire séparée… et c’est ainsi qu’il partit combattre, et qu’il obtint une complète déroute : tous furent massacrés par les ennemis ! Pourquoi furent-ils tous massacrés ? Parce que ces gens-là n’étaient pas de la race de ceux par qui Israël devait être sauvé !
Eh bien quand nous voyons, hélas, ceux qui nous quittent, pour avoir trop tôt la victoire, et chanter victoire trop tôt, eh bien ce ne sera pas ceux-là, par qui l’Eglise sera sauvée !
Voilà des exemples de la Sainte Ecriture. Donc, pas de précipitation, chers fidèles, ne chantons pas victoire, et continuons à persévérer dans l’humble combat quotidien.

     Et c’est sur ce combat que je voudrais insister : 
    Ce combat, c’est le 3° point de mon petit discours :  Ce combat est une Grâce du Bon Dieu pour nous !  Nous oublions trop que la Providence dirige tout !  Ce combat est une Grâce pour nous ! Qu’il y ait  des hérétiques dans l’Eglise, c’est un grand dommage,  mais c’est un bien pour les bons, dit St Augustin : la  présence des méchants, c’est pour que les bons soient  exercés dans la vertu ! Et ainsi, la présence des hérétiques  au sein de l’Eglise, c’est pour exercer la persévérance  dans la Foi des vrais catholiques ! 
       Et c’est une Grâce, en ce début du 21ème siècle,  que nous soyons cette poignée de fidèles à résister  encore à l’hérésie moderniste et avoir gardé, par  Grâce de Dieu, la Foi intégrale ! Donc, soyons d’une  certaine manière dans l’action de grâces, en toute  humilité, car ce n’est pas par nous, mais c’est par la  Grâce de Dieu que nous avons été maintenus dans la  Foi, en particulier par le combat de nos chers parents  ou grands-parents depuis 40 ans ! Donc, remercions  le Bon Dieu de nous avoir placés dans l’Eglise à ce  moment-là, pour lutter ! Pas pour nous tourner les  pouces, mais pour lutter ! Pour continuer ce combat  de nos pères dans la Foi qui dure depuis 40 ans et qui  pourra bien durer encore 20 ou 30 ans ! 
   Alors armons-nous de patience ! 

Je concluerai, bien chers fidèles : 
 Nous devons nous  armer pour ce combat ! Or, c’est un combat spirituel  ! St Paul dit : 

«  Vous n’avez pas à lutter contre la chair et le sang, mais contre les puissances des ténèbres qui sont répandues dans les airs, c’est-à-dire contre le démon, et ses suppôts». Ce n’est pas les modernistes qu’il faut tuer physiquement, c’est le diable qu’il faut chasser, dont il faut purifier l’atmosphère de l’Eglise ! C’est un combat spirituel, un combat d’esprit, et donc, nous devons nous armer d’armes spirituelles, qui sont d’abord la Foi … saine, basée sur la saine philosophie, donc : formons-nous à la saine philosophie, profitons des conférences qui peuvent nous être données à ce sujet, des saines lectures – saint Thomas d’Aquin – formons-nous aussi au Catéchisme du Concile de Trente qui est la quintessence de la Foi catholique opposée au Modernisme d’aujourd’hui… le Saint Catéchisme du Concile de Trente ! – le Catéchisme de St Pie X nouvellement réédité qui est un comprimé de la doctrine catholique.

  Donc : formons-nous ! 
  Deuxièmement, puisque ce combat est spirituel, il  faut nous armer aussi dans le cœur ! Il faut nous  changer ! Changeons-nous ! Ceci par les Exercices  Spirituels de St Ignace qui ré-engendrent à la Grâce, à  la solidité d’esprit les âmes libérales que bien souvent  nous sommes ! Donc, inscrivez-vous, chers fidèles,  aux retraites prêchées selon St Ignace dans nos chères  maisons d’Exercices Spirituels du Pointet, de  Gastines, de Caussade, et ailleurs, profitons de ces  Exercices Spirituels qui renouvellent les cœurs, qui  convertissent les cœurs ! Ce combat n’est pas un  combat purement intellectuel, c’est aussi un combat  de la vertu chrétienne ! 
   Enfin, chers fidèles, tournons-nous vers la Très  Sainte Vierge Marie, triomphatrice du démon dans  tous les grands combats de Dieu ! Elle a gardé la Foi  alors que les Apôtres doutaient, au moment où Jésus  était au tombeau. Elle a gardé la Foi, elle n’a pas  vacillé. Elle vivait dans la Foi, dans la certitude de la  résurrection prochaine de son Fils Jésus Christ. 
 Demandons donc à la Sainte Vierge qu’on appelle  la VIERGE FIDELE : VIRGO FIDELIS, demandons lui  de garder notre Foi virginale! 

 Au Nom du Père et du Fils et du Saint Esprit, Ainsi  soit-il.