Les examens prénataux - pour quoi faire, au juste ?!


.


Articles extraits du Bulletin ASME Actualité, N° 44, Novembre 2007(Association Suisse pour la Mère et l’Enfant)

Soutenez l’Association Aide Suisse pour la Mère et l’Enfant, C.P. 4011 Bâle, Tél. 061/703.77.77. fax : 703.77.78
E-mail : info@asme.ch

Les examens prénataux - pour quoi faire, au juste ?
Nécessité d’un point de vue critique
Que penser d’un examen prénatal dont la conséquence peut tenir en ces mots : “évidemment, vous pouvez aussi avorter” ?… Le Dr Manuel Mariotta, gynécologue, explique pourquoi il ne propose absolument pas certaines méthodes de diagnostic prénatal. Et d’abord, l’histoire vraie de Linda, aujourd’hui âgée de douze ans, montre quels trésors peuvent être perdus si l’on s’en tient à des pronostics et recommandations.
Linda, fille d’amis de l’ASME, a aujourd’hui douze ans. Elle est un vrai rayon de soleil… Un rayon de soleil, mais qui n’aurait pas pu donner son éclat si la mère de Linda s’en était tenue à la recommanda tion des gynécologues. Car le médecin de Madame P. avait pronostiqué de multiples handicaps physiques et mentaux - et conseillé vivement un avortement immédiat..
En tant que chrétiens, Monsieur et Madame P. ne voulurent pas prétendre fixer les critères auxquels devrait répondre leur enfant. Le médecin ne manifesta aucune compréhension à cet égard… Pourtant, les parents refusèrent l’avortement, et ils placèrent tout ceci “entre les mains de Dieu”.
A la naissance, ledit médecin n’arrivait pas à croire que la petite fille était en bonne santé physique ! Et il continua de se montrer persuadé qu’elle ne se développerait pas normalement, mentalement du moins. C’est exactement le contraire qui se passa. Récemment, à la fin de l’année scolaire 2006-2007, Linda a reçu de son école un prix récompensant ses performances remarquables !
Le Dr. Manuel Mariotta : “Les foetus malades sont éliminés”.
Ainsi, de même que pour Linda, le pronostic de handicap ne s’est pas avéré, on ne peut exclure que lors d’examens prénataux le diagnostic soit erroné.
Pourtant, les examens lors desquels on contrôle, dans le sein maternel, l’état de santé de l’enfant à naître, sont aujourd’hui un “standard” de l’offre médicale aux femmes enceintes. Hélas ! car ceci recèle un grand problème éthique. Le Dr. Manuel Mariotta, spécialiste FMH en gynécologie et obstétrique à Fribourg et Morat, explique pour ASME- Actualités les différentes méthodes de diagnostic prénatal  :
“Les examens prénataux effectués dans le 1er et le 2ème trimestre de la grossesse servent, dans la majorité des cas, à détecter des anomalies chromosomiques, des maladies héréditaires, des maladies métaboliques ou des malformations. On distingue deux sortes d’examens : 1) non-invasifs, sans intervention dans le corps de la femme : comme l’échographie, pour la recherche de malformations, et les tests sanguins des 1er et 2ème trimestres, qui permettent d’évaluer le risque individuel de certaines maladies (trisomie, défaut de fermeture du tube neural); 2) invasifs, avec intervention dans le corps de la femme . tel que le prélèvement de villosités choriales, l’amniocentèse, le prélèvement de sang foetal et la foetoscopie, qui sont souvent effectués après un test sanguin positif ou une échographie anormale.
Je me suis décidé de ne pas proposer les examens invasifs, car cette branche de l’obstétrique a surtout un but eugénique : l’élimination systématique des foetus qui présentent une maladie qui est censée devenir un “poids” pour les parents et la société.
Il ne faut pas oublier non plus que les examens invasifs présentent un risque de fausse couche, c’està- dire de mortalité foetale non négligeable (de 0,5 à 1 % pour l’amniocentèse, de 1 à 4 % pour le prélèvement de villosités choriales).”
Diagnostic “positif” - que faire, alors ?
Dans le cas où, lors d’un examen prénatal, une “anomalie” est constatée, le plus souvent il n’existe pas de possibilités thérapeutiques, mais seulement le “choix” consistant à trancher pour ou contre l’enfant “anormal” ! Par exemple, en présence du syndrome de Down (trisomie 21), l’enfant est avorté dans 9095% des cas diagnostiqués. Nombre d’examens prénataux ne peuvent constater le handicap que lorsque la grossesse est déjà fort avancée.
L’Aide suisse pour la mère et l’enfant est très critique vis-à-vis du diagnostic prénatal. Ses conseillères qui veillent à la centrale d’appels d’urgence informent quiconque cherche aide et conseil, de manière exhaustive, en incluant aussi dans leur perspective les possibilités d’accomplissement dans la vie, même avec un handicap. D’ailleurs, la plupart des handicaps ne sont pas innés, tant s’en faut; au contraire, ils surviennent durant l’accouchement ou plus tard dans la vie. L’attitude positive que, dans la vie quotidienne, nous manifestons à la personne handicapée une fois qu’elle est née, nous devrions la lui manifester également avant qu’elle ne naisse !
L’enfant avorté n’était pas le bon

A Milan, un cas particulier d’avortement a focalisé l’attention du public : comme on l’a appris en août, on avait constaté, au mois de juin, chez une femme enceinte de deux jumelles et se trouvant dans sa 18ème semaine de grossesse, que l’une des deux petites filles était probablement atteinte du syndrome de Down, alors que l’autre était saine. En conséquence, la mère procéda à l’avortement du foetus malade. Mais les médecins de l’hôpital “San Paolo” de Milan tuèrent par erreur l’enfant sain. A la suite de cela, la femme se fit également avorter de l’autre enfant.
Ces faits, qui déclenchèrent dans tout le pays une vague de protestation, montrent très nettement la mentalité de plus en plus répandue consistant à vouloir …«l’enfant idéal» : quand un enfant ne correspond pas à ce qu’on attend, il est “éliminé” sans pitié.

Par contre, on a appris le cas, en Italie également, d’un couple romain qui, après avoir eu quatre enfants, a adopté une petite fille atteinte du syndrome de Down. La mère expliqua : “Ce ne fut pas un acte de courage pour nous. Nous l’avons justement acceptée comme on accepte un enfant, comme si j’avais été enceinte et que cela avait été mon enfant biologique.” Puis elle continua : “Chaque jour avec elle est une découverte et un enrichissement»”

La doctoresse se sacrifie pour son bébé
Le Docteur Ellice Hammond, médecin généraliste de l’état de Victoria en Australie, était enceinte depuis déjà cinq mois quand on lui diagnostiqua un grave cancer des ganglions lymphatiques, Elle était consciente qu’une chimiothérapie massive et une radiothérapie, si elles étaient pratiquées à temps, pouvaient peut-être encore lui sauver la vie. Mais, par amour de son enfant à naître, cette femme âgée de 37 ans décida d’abord de ne se soumettre qu’à une thérapie fortement allégée -durant laquelle l’enfant était suffisamment protégé par le placenta -, et elle l’interrompit même quand elle vit qu’aucune amélioration n’intervenait dans son état. Elle ne voulait en aucun cas mettre en danger son bébé. Son mari fut consterné, mais fier aussi de ce sacrifice. On induisit l’accouchement de la petite Mia dans la 31ème semaine. C’était le 20 août 2007. Dans la foulée, on reprit certes totalement la chimiothérapie pour la mère, à fortes doses. Mais, comme on s’y attendait, le cancer s’était déjà beaucoup trop propagé : le 9 septembre, Ellice Hammond mourut. Pourtant, jusqu’à ce terme, il fut donné à la mère trois semaines pendant lesquelles elle put tenir dans les bras son premier enfant. Son mari commente : “Toute sa vie, c’est vrai, elle s’est réjouie à la perspective de devenir mère”. Maintenant Mia grandit, saine et vigoureuse.

L’histoire du mois

Une paysanne n’abandonne pas
Madame, M. paysanne et mère de trois enfants, compte depuis des années parmi les fidèles amis et bienfaiteurs de l’Aide suisse pour la mère et l’enfant. Heureuse avec ses trois enfants, Madame M. aurait pourtant aimé en avoir un quatrième. Mais il semblait que cela ne devait pas être le cas. Elle a subi deux fausses couches.
Une grave maladie rend Madame M. inapte au travail pour un délai prolongé. La famille doit engager une employée agricole à temps plein. Ces coûts salariaux ajoutés à d’autres charges pèsent beaucoup sur le budget.
C’est précisément dans ce contexte de difficultés financières et de santé que Madame M. est à nouveau enceinte. Le médecin de famille commence à parler d’avortement. Madame M. fait un signe de refus : ça va bien aller ! Nous faisons confiance à l’aide d’En- Haut ! Le médecin objecte que Madame M. devrait au moins faire un examen prénatal de l’enfant. Mais pour quoi faire ? demande Madame M. Le médecin se tait, car il sait très bien que Madame M. ne veut pas d’avortement. C’est bien pour cela qu’elle ne fait pas d’examen prénatal !
Dans le mois de la naissance, un malheur frappe la famille Monsieur M., le mari, et l’employée, circulant sur le tracteur, ont un accident. L’employée est blessée et ne peut plus travailler. Des coûts supplémentaires doivent être supportés par la famille M.. Dans cette situation de détresse, Madame M. appelle la Helpline de l’ASME. Elle reçoit immédiatement un formulaire de requête. Pourtant Madame M. n’ose pas demander de l’aide. Elle ne renvoie pas le formulaire. Quand la conseillère de l’ASME le constate, elle l’appelle et l’encourage à renvoyer le formulaire rempli. Aussitôt qu’il arrive, l’aide est accordée : la famille M. va recevoir pendant au moins un an des contributions mensuelles. Madame M. se sent bien soulagée.

Entre-temps, l’enfant est venu au monde : une petite fille en bonne santé ! Certes, Madame M. ne s’est pas encore tout à fait remise de sa maladie. Mais elle se réjouit beaucoup d’avoir sa petite fille : elle dit que lorsqu’elle voit toute sa gaieté, et la cohésion plus forte encore qu’elle a apportée à la famille, elle est aux anges et la considère comme un cadeau du Ciel !